Miyar climbing history - Lahaul - India - Map and castle peak routes
« Mille Miyar de Granit » s’exclamerait un capitaine Ad Hoc s’échouant à Miyar à la vue des dizaines de tours de rocher aux lignes pures en tous sens. La vallée de Miyar est une pépite au cœur de l’Himalaya indien pour qui sait apprécier le beau rocher dans l’air limpide de l’altitude. Dans la région de Lahaul, ce massif s’élève dans la chaine principale de l’Himalaya, qui sépare à cet endroit les terres arrosées de l’Himachal Pradesh, de la zone aride du Ladakh. A Miyar, on passe sans transition de la verte prairie des alpages, aux aiguilles de granit. Gerhard Schaar la décrit, lors de son voyage en 2011, comme un paradis pour l’alpiniste, avec son fond de vallée bucolique où paturent vaches et chevaux, entouré de sommets qui appellent à l’action.
Les premiers sommets de granit que l’on découvre en arrivant à Miyar donnent soudain une furieuse envie de grimper après le trek bucolique.
La vallée de Miyar attire depuis 25 ans les grimpeurs de tous les horizons. Située sur l’itinéraire du col du kang La à 5450m, le glacier de Miyar est une voie de passage historique des populations rejoignant Padum depuis le sud avec un équipement plus que rudimentaire. En 2015 nous avons croisé un groupe de trekkeurs descendant du col avec des porteurs ladakhis qui avaient franchis les 3 jours de marche sur glacier, en fourant des journaux dans leurs bottes en plastique pour l‘isolation!
L’histoire de l’escalade à Miyar commence avec les italiens renseignés par le repérage de Paolo Vitali en 1991. Ils établissent leur camp de base au pied du glacier de Miyar, dans une zone d’alpage bucolique à 4000m, surmontée de la forteresse du Castle Peak. Ils remontent le glacier de Chodong et découvrent un eldorado de granit. Dès 1992, Massimo Marcheggiani, Mario Manica et Bruno Moretti gravissent la citadelle de la Neverseen Tower à 5800m. Ils décrivent un grand moment de bonheur lors de cette escalade avenante avec deux bivouacs sous des miyar d’étoiles. Leur voie de 800m de pur granit, cotée 6c max, reste la plus répétée de toute la vallée. Bien peu d’autres itinéraires ont été ouverts sur ce sommet, hormis Sylvia Vidal et Eloi Callado traçant la belle ligne de Mai Blau en 2005. Marcheggiani revient en 1996 pour moissonner bon nombre de première dans la haute vallée du Chodong : Paolo peak, Enzo peak, Cima Citta di Frascati. Les polonais David Kazlikowski et Michal Krol finiront plus tard d’ouvrirent les grands bigwall de la rive gauche du glacier de Chodong avec le Lotos en 2005 et le Geruda en 2007. Depuis les pionniers, de nombreuses expéditions de toutes nationalités se sont succédées à Miyar jusqu’à une apogée en 2007 et 2008 où de nombreuses premières sont tombées. En 2007 les américains Freddie Wilkinson, Pat Goodman et David Sharratt ouvrent la plus belle escalade libre de la face Ouest du Mahindra en une journée avec fixation des premières longueurs la veille : Ashoka’s Pillar (700m , 7a). L’été 2008, les Slovènes Tanja et Andrej Grmovsek réussissent enfin l’éperon sud convoité du Windows Peak par la « Changrila route » : un fil couronnant un magnifique bouclier de dalle immanquable du camp de base. La même année, pendant qu’une expédition russe siège le Mahindra pour trouver une voie directe en artif, une forte expédition de la Guarda di Finanza renoue avec l’affection des italiens pour les grandes premières à Miyar en investiguant les trois vallées principales : Dans la vallée de Tandung, ils font la première du Trento Peak et de la cime voisine Om Shanti, à Chondong ils déflorent le beau éperon ouest du Triple Crown qu’ils baptisent cime Bruno Detassis et, non des moindres, ils explorent jusqu’au glacier de Jangpar pour grimper le premier bigwall de la chaine du Devil’s Horn : la Cima Fiamme Gialle. (Vertical n°21)
Dans les années les plus récentes, les grimpeurs ont surtout exploré les sommets les plus proches du camp de base ne nécessitant pas d’approche glacière. La vallée a tendance à devenir un spot de rocher pur, certes en altitude, mais avec un bon nombre de parois accessibles à la grosse journée depuis le camp de base comme le Castle peak et ses satellites, le Toros, le doigt du James point, le Goya peak. Le retrait des glaciers facilite l’approche des sommets de proximité mais complique ceux des sommets du fond des vallées du fait de l’instabilité des moraines et de la couverture de blocs instables posés sur le bas des glaciers. La Miyar Nala s’ouvre aussi au tourisme des indiens dans leur pays et la fréquentation augmente en été avec des alpinistes et trekkeurs venus des grandes villes indiennes. L’abri de la mousson et la facilité d’accès à l’échelle de l’Himalaya attire de nombreux grimpeurs.
Le Castle Peak : un aimant juste au-dessus du camp de base, ici la grimpe plaisir est au rendez-vous. Sur les traces de Roberto Iannilli, le beau rocher du Castle Peak permet de grimper en se laissant guider par l’instinct, les traces de passages se réduisant à quelques anneaux de rappel. Les 3 sommets du Castle proposent des voies de 350m à 700m de haut. La partie basse est formée d’un bouclier de dalles ciselées qui est déjà un objectif en soi.